Retour sur @lyon Retour

Le sommeil du bois

Mes rencontres avec le bois sont d'abord motivées par l'acte de redonner vie à des pièces abandonnées parce que galbées, ridées et contorsionnées par le temps, donc inutilisables pour l'ébéniste. Et simplement en ponçant longuement leur vieille peau rugueuse elles finissent par sourire à la lumière du jour, par devenir lisses et éclatantes.
Elles s'éveillent enfin et racontent leurs visions.

On a l'impression de moments furtifs capturés par la matière, comme fossilisés mais tellement brefs que l'empreinte n'a retenu qu'une émotion. Des personnages sans âge s'approchent et s'apprêtent à parler ou bercés par les ondes ils ferment les yeux, se fondent dans le bois, basculent dans le sommeil. Ce que l'on voit c'est le moment précis où l'image est floue. La pensée quitte le corps et s'ouvre au rêve. Tout devient calme, on n'entend que les silences. Le bois, matière lourde et robuste n'est plus qu'une essence, une légère sensation de bien-être.

Les individus représentés, vivant par quelques traits fins et traces brossées de couleurs à l'huile offrent un moment de sérénité, une manière de dire que la vie est simple, que la vie est belle pour qui sait s'arrêter sur l'essentiel de l'être.

Gédéon Sillac