Âges de la Pierre

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Paléolithique / Mésolithique / Néolithique


Les premières manifestations du génie humain qui nous soient parvenues étaient, pour la plupart, en pierre, principalement à cause de la pérennité assurée par ce matériau.

Même si les premiers découvreurs n'en soupçonnaient pas l'ancienneté, ils remarquèrent très vite des différences de finition qui donnèrent lieu à un classement en pierre taillée et en pierre polie.

Rapidement ces classements se subdivisèrent en fonction de la typologie de ces fabrications. Les premières pierres taillées (pierre ancienne, paléolithique) ne sont guère que de simples "galets aménagés", c'est à dire dont on a fait sauter quelques éclats pour les rendre plus propice à l'utilisation envisagée. Puis, les techniques se perfectionnèrent, d'abord sous la forme de bifaces, puis de pierres de plus en plus finement taillées, dont la plus haute qualité s'exprime dans les longues feuilles de saule dont la réalisation demande, outre une habileté supérieure, un ordre méticuleux des opérations pour extraire, par précontrainte, ces longues lames du nucléus.

Dame à la Capuche (Musée de Saint-Germain-En-Laye / France)
Vénus de Brassempouy en Ivoire

La taille des pierres tend aussi à décroître en fonction de l'avancée dans le temps, pour parvenir à des outils microlithiques qui survécurent à l'apparition de la période de la pierre polie.

La pierre polie témoigne (néolithique) d'une autre approche du travail de la pierre, mais, il serait réducteur de n'y voir qu'un changement de technique alors que cette période voit l'apparition de la poterie, de l'élevage, de l'agriculture et par conséquent de la propriété et de la guerre. La maîtrise du feu ouvrira progressivement à l'humanité les âges des métaux.

Entre les deux, une période a été insérée, le mésolithique. Suivant les régions, cette période a eu une durée variable, elle correspond à une transition entre une économie de chasse / cueillette à une économie agricole. Cette transition fut longue dans certains cas, car dans les régions giboyeuses, la chasse et la cueillette demandent moins d'effort que l'élevage et la culture.


Le paléolithique, âge de la pierre taillée

Cette longue période qui dure plus de deux millions d'années voit le passage progressif de l'utilisation de simples galets à l'invention de techniques de taille très sophistiquées (technique Levallois).

Dans le domaine des techniques, il y a un million d'année, l'homo erectus domestiqua le feu, c'est à dire que l'on trouve des traces de foyers dès cette époque. Par contre, il est difficile de savoir quand l'homme su produire lui-même le feu. L'organisation systématique des foyers ne date que d'environ 300 000 ans.

Plus intéressant pour notre propos, c'est aussi de cette époque que proviennent les premiers témoignages de ce que nous nommons "ART", même si nous ne saisissons pas forcément les buts des productions de nos ancêtres.

Les trois époques du paléolithique

Nota bene, les divisions et surtout les datations sont très approximatives et dépendent beaucoup des régions du monde considérées.

Paléolithique inférieur

Paléolithique moyen

Paléolithique supérieur

2MA à 150 000 ans

De cette période, on ne trouve quasiment que des pierres aménagées et des ossements.

Une nouvelle forme apparaît, le biface. Ces pierres possèdent un tranchant très régulier et témoignent des progrès accomplis et dont l'aboutissement sera la technique Levallois à l'époque acheuléenne.

On nomme aussi cette période le paléolithique ancien.

165 000 à 40 000 ans

En France, on débute cette période par la fin de la glaciation rissienne.

Cette période se caractérise principalement par la culture moustérienne, ou plus exactement par les cultures moustériennes, car en fonction des localisations, les différences sont grandes (prédominance des racloirs sur les bifaces ou l'inverse, ou tout simplement l'équilibre entre les différents types).

30 000 ans à 8000 ans

Cette période voit le triomphe de l'Homo sapiens sapiens. C'est aussi la période ou apparaissent les premiers témoignages patents de ce que l'on nomme ART. Cet art se manifeste sous la forme de sculpture et de peinture.

Plusieurs cultures cohabitèrent durant la période : le Châtelperronien, l'Aurignacien, le Gravettien, le Solutréen et le Magdalénien.

On nomme aussi cette période le paléolithique récent.


L'art paléolithique :

La sculpture paléolithique

Vénus de Lespugue en Ivoire

Au paléolithique supérieur, l'homme réalise les premières statuettes anthropomorphes, ou plutôt "gynomorphes". Elles représentent en effet des femmes aux formes girondes. Bien qu'il soit difficile de percer les secrets des nos prédécesseurs, il est convenu d'attribuer à ces "vénus" un caractère religieux, lié aux mystères de la fécondité. La plus belle d'entre elles est sans conteste la "Dame à la capuche" ou "Vénus de Brassempouy" (France / Landes) dont il ne reste que la tête, d'autres plus complètes ont été trouvées à Willendorf (Allemagne), Lespugues (France) ou Grimaldi (Italie).

Quelques animaux bénéficièrent aussi des talents de sculpteurs, la plupart pour l'ornement d'armes de chasse (propulseurs).

À gauche, Vénus de Lespugues en ivoire.

Pour ces représentations, tous les matériaux furent utilisés. Celles qui nous sont parvenues sont en pierre, en ivoire ou en os, mais il est possible que d'autres réalisations perdues aient été à base de bois ou de terre crue.

Il convient aussi de signaler la naissance de la sculpture monumentale, c'est à dire de la sculpture associée au monument, même si le monument se matérialise généralement dans la caverne utilisée par les Homo sapiens sapiens. Citons par exemple les femmes sculptées de la grotte de la Madeleine (Dordogne / France) ou les splendides animaux sculptés d'Angles sur l'Anglin.

La peinture paléolithique

Les hommes préhistoriques sculptèrent des humains et des animaux, mais ils en peignirent également. On ne rappellera pas les trésors découverts dans les grottes de Lascaux (Dordogne /France) ou d'Altamira (Espagne).

Dans ces décors pariétaux, l'animal est le plus présent, mais quelques humains participent aux ébats, comme victime ou comme chasseur. De ces représentations et de leurs emplacements dans les grottes, on déduit une utilisation magique, religieuse ou superstitieuse. Ces interprétations sont renforcées par la présence de nombreux signes, sexuels ou pas, témoignant de rites organisés.


Le mésolithique

Cette période constitue l'aboutissement des recherches sur les matériaux lithiques. Ils voient aussi l'apparition progressive de nouvelles techniques dont le développement caractérisera l'âge suivant, le néolithique. Plus encore que pour le paléolithique récent (supérieur), les cultures sont diversifiées et il est difficile de réduire la période à des traits communs. Les outillages peuvent être massifs (régions boisées) ou au contraire très fins, de nombreux galets peints ouvrent la voies à de nombreuses spéculations ; système d'écriture, de comptabilité, monnaie d'échange(et plus récemment, réalisation de faux fructueux ;-)


Le néolithique, âge de la pierre polie

Il est impossible de réduire cette période au seul polissage des pierres. En effet, ce sont plutôt les modifications de la société qui sont marquantes pour cette époque. On y trouve les premières traces d'agriculture sous la forme de cultures de céréales et d'élevage. Par ces techniques, l'homme essaye de s'affranchir des hasards de la chasse et de la cueillette. Ces techniques se développèrent au départ au proche orient et ceci s'explique par des conditions de vie plus difficiles qu'en Europe. En effet, cette nouvelle manière de vivre, obligeait à un travail plus prenant que les activités traditionnelles. Il est donc normal qu'elle se soit diffusée, dans un premier temps, parmi les populations qui bénéficiaient de l'environnement le moins riche.

La poterie est une des autres innovations majeures de cette période. La conception de fours toujours plus efficaces et l'essai de nouvelles terres, conduit progressivement l'homme vers l'usage des métaux. La course en avant vers le progrès était lancée et toutes les caractéristiques de notre monde moderne étaient déjà en germe, y compris la guerre qui faisait une entrée fracassante, les nouvelles possessions attirant les convoitises.

 La fin de la période néolithique voit dès le milieu du quatrième millénaire l'apparition de cultures mégalithiques. Cette tradition fut surtout, mais pas exclusivement, sensible sur l'axe mégalithique partant d'Écosse traversant la France de l'Ouest et se terminant en Espagne et au Portugal.

Stonehenge
Stonehenge. Espace cultuel orienté en fonction des cycles solaires et lunaires.
L'édification de Stonehenge s'étendit jusqu'au début de l'Âge du Bronze.


L'Art néolithique :

Il ne nous est pas parvenu d'équivalents aux grands décors pariétaux, l'art semble s'être cantonné dans l'embellissement des objets usuels et dans la parure. Cependant, il serait sans doute trop rapide d'en conclure que les gens du néolithique avaient renoncé à l'Art. L'habitat en matériaux périssables pouvait abriter des oeuvres qui n'auraient pas été plus durables. Si l'on relève quelques décors à motifs géométriques comme ceux que l'on trouve à Gavr'inis (Bretagne) on peut sans doute se faire une idée des réalisations perdues. La charrue de Gavr'inis avec ses deux bovidés témoigne cependant d'un petit souvenir de l'art pariétal.

Que restera-t-il des chefs d'œuvres de la Renaissance sur panneaux de bois dans quelques milliers d'année ?


Bibliographie sommaire :

Delporte Henri, Objet d'art préhistorique (l'), RMN, Paris, 1981.

Guilaine Jean, Préhistoire d'un continent à l'autre (la), Larousse, Paris, 1986.

Guilaine Jean, France d'avant la France (la), Hachette, Paris, 1880.

Leroi-Gourhan André, Préhistoire de l'Art occidental, Mazenod, Paris 1971 (2ème ed).

Ruspoli Mario, Lascaux, Bordas, Paris, 1986.

Grand Atlas de l'Archéologie (le), Encyclopaedia Universalis, Paris, 1985, pages 20 à 37.