Moyen-âge / Cathédrale Notre-Dame de Reims

Retour à la partie historique / Liens Internet


© BYC 1980


L'architecture gothique se caractérise par quelques traits bien connus, qui s'ils ont pour la plupart été testés dans les édifices des générations antérieures se retrouvent groupés dans les réalisations gothiques.

Saint-Denis et Chartres inaugurent le nouveau style, suivies de près par Notre-Dame de Paris. À la fin du XIIème siècle, Laon et à nouveau Chartres que le clergé a incendié pour pouvoir reconstruire de neuf témoignent de l'apogée de deux courants initiaux de l'architecture gothique. Reims, plus tardive (1210) est à la fois original et citation. En effet, le chantier fit appel à des artisans de nombreux horizons qui y réussirent certainement l'une des plus belles harmonies gothiques, sachant intégrer la sculpture à l'architecture comme ce ne sera sans doute jamais égalé ailleurs.

© BYC 1980 Division tripartite de la façade. La lecture en est moins simple que sur d'autres à cause de la richesse de la sculpture.
Trois étages, celui des portails, celui de la rose et celui des tours. On rattache souvent cette division à une problématique trinitaire.

L'organisation de la façade est assez classique, c'est celle de Chartres ou de Notre-Dame de Paris que l'architecture romane rouennaise avait généralisé. Dans la division tripartite en trois bandes verticales on retrouve la division intérieure en trois vaisseaux ; la nef et les deux collatéraux. Horizontalement trois niveaux sont lisibles bien que s'interpénétrant. On retrouve cette division à l'intérieur de l'édifice entre les grandes arcades, le triforium et les fenêtres hautes.

© BYC 1990 © BYC 1990 Étage des fenêtre hautes

Étage du triforium

Étage des grandes arcades

À l'intérieur, on lit parfaitement les stades de la construction qui débuta par le choeur. Sur les murs du triforium, dans le transept sud, on trouve des épures, dessins d'architecture à l'échelle de réalisation, présentant des études pour les portails. Ces épures devaient servir à la taille des pierres. Elles ne furent cependant pas utilisées à cause des changements de parti, certainement liés au changement d'architecte. On note toutefois que la largeur du portail était déjà définie et nous avons pu vérifier qu'il y avait moins d'un centimètre de différence entre l'épure et les portails actuels. À cette précision on se rend mieux compte de la maîtrise de l'art du trait à laquelle les architectes de la cathédrale étaient parvenus.
© BYC 1990
Correspondance exacte de l'épure et de l'élévation actuelle des portails. Remarquez dans le haut de l'épure, une vue en plan qui se superpose à la vue de face. La superposition des deux plans permet de réaliser les gabarits qui servent à la coupe des pierres.

La construction de la cathédrale a duré trois quart de siècles. Onze ans après le début de la construction, la chapelle axiale était consacrée. neuf ans plus tard, le choeur était achevé et livré au clergé. La nef avançait parallèlement et il fallu raser des maisons pour libérer le volume des travées occidentales. La pause dans les travaux se remarque, par de nombreux détails, dont le changement des tirants qui de bois deviennent métalliques (il ne reste plus que les attachements qui ont été arasés). Une petite curiosité, le passage dit rémois qui permet de faire le tour de l'édifice à hauteur de la base des fenêtres hautes. C'est un caractère régional.

Reims est aussi à l'origine d'innovations technologiques. Auparavant, les murs et les montants verticaux étaient taillés dans les mêmes pierres, ce qui demandait un pénible travail d'ajustement. Reims, inaugure un travail de préfabrication où les colonnes engagées sont élevées en premier, les murs venant, comme des cloisons remplir par des pierres préparées à l'avance sur un même gabarit les intervalles. Cette innovation permit de faire des fenêtre beaucoup plus vastes que les précédentes, taillées dans la masse du mur.

© BYC 1980
Comme pour une très grande part des cathédrales gothiques, les flèches n'ont pas été terminées.
© BYC 1980
Galerie des rois hypertrophiée
© BYC 1980
Les roses sont des morceaux de bravoure donnant une lumière maximale. Notre-Dame de Reims comporte trois grandes roses, une en façade et deux au transept. Plus original, le tympan du portail principal est aussi percé par une rose de moindre dimension

© BYC 1980
Au dessus du portail central, le couronnement de la vierge dans un gâble agressif qui pénètre dans l'étage supérieur, jouant avec la rose

Vierge de la Visitation
Façade occidental, portail central, la Vierge de la Visitation. Remarquez le style très classicisant de cette sculpture réalisée après 1233

La sculpture est un véritable patchwork de styles, les artistes terminant les chantiers de la génération précédente semblent s'être retrouvés à Reims qui présente quelques originalités sur ce point, la galerie des rois démesurée, le gable du portail central qui explose de son cadre, les anges qui ornent le sommet des piles des arcs-boutants et l'incroyable revers de la façade.