retour sur @lyon coup de coeur du jour discussion roulette meteo locale Récits et contes populaires de Lyon retour
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Nous tenons à remercier l'auteur, Jacques Vallerant, qui a autorisé la mise en ligne de ce livre,
édité aux Editions Gallimard en 1978, et maintenant épuisé.

A Lyon, le paysage urbain est profondément marqué par le travail de la soie. Les anciens quartiers, ceux où vivaient les tisseurs, regroupent de nombreuses maisons multipliant les étages à la recherche de la lumière. Au fil des jours la besogne était interminable. Des ruptures pourtant l'affectaient, lorsque le chômage s'installait. Lorsque également les tisseurs grondaient pour réclamer l'application du tarif fixant conventionnellement le prix du travail à façon qu'il exécutaient.
Alors descendant de leurs ateliers haut perchés, l'écho de leurs protestations permettait de prendre la mesure de l'ampleur de leur communauté. Confortant ce sentiment communautaire et les valeurs qui l'animent la tradition orale leur est tout entière consacrée. Ici, point d'ogre ni de fée, mais d'autres personnages : le canut, la canuse, le compagnon, l'apprenti ou le bourgeois évoluant des contes facétieux au théâtre populaire.

Jacques Vallerant

Né en 1950, chargé de cours d'ethnologie à l'Université Lyon II, Conservateur au Musée dauphinois de Grenoble, Jacques Vallerant est l'auteur d'une thèse de 3e cycle sur les masques carnavalesques valaisans. Il participe actuellement à plusieurs recherches consacrées à la région Rhônes-Alpes.
Croix-Roussien depuis 35 ans, Jacques Vallerant connaît le monde des tisseurs avec lequel il entretient des relations suivies : il prépare en effet une thèse d'Etat consacrée au travail spécialisé artisanal ou semi-industriel, aux techniques et au savoir-faire qui le caractérise, à l'environnement social qu'il suppose, ceci à partir d'exemples significatifs, comme celui des canuts lyonnais.
 

En voyant la façure
on juge le canut.

Contes merveilleux et contes facétieux, contes d'animaux et contes édifiants, légendes pieuses et légendes héroïques, histoires de fées et histoires de diables, histoires de loups et histoires d'ours, prières et formules magiques, proverbes et dictons, devinettes et formulettes, randonnées, discours, bonnes histoires, compliments et chansons : divers et variés sont les genres en littérature populaire, mais rares et précieux les conteurs qui maîtrisent, aujourd'hui encore, les arts traditionnels de la narration. Car il ne suffit pas à un conte, pour être vivant et compris, d'être transmis par le texte : il lui faut se déployer largement, par la voix et le geste, la mélodie du discours et le jeu du conteur. Comment donc restituer cette richesse de la narration orale, quand on ne dispose que des pages blanches d'un livre, et comment évoquer ce fonds de connaissances précises, cette expérience partagée d'un lieu, d'une société, d'une activité, qui fonde la complicité entre le narrateur et l'auditeur ?

Car tel est bien le projet de cette collection Récits et contes populaires. Les textes sont recueillis à la source même de la tradition orale : chez les meilleurs folkloristes du siècle passé, quand cette tradition s'est éteinte, chez les conteurs d'aujourd'hui, au magnétophone et au magnétoscope, chaque fois qu'il est possible. On s'est efforçé de donner plusieurs contes et récits dans la langue locale, telle qu'elle est parlée par le conteur lui-même, et non pas telle qu'elle est reconstituée par un écrivain régionaliste, aussi a-t-on dû compléter la version locale par une traduction française. Mais il ne suffit pas de produire de beaux et bons textes. Il faut, si l'on veut être fidèle aux arts de la tradition orale, mettre la parole en situation. Chaque volume de la collection est donc consacré à un terroir, non à une vaste région aux frontières fluctuantes, et commence par la description des lieux auxquels se réfère le conteur : le château qu'évoquent les contes merveilleux, l'église ou la chapelle des légendes pieuses, les fontaines et les grottes que hantent fées et géants, mais aussi les champs et les forêts, les places et les terrains de foire où l'on vaque aux activités quotidiennes, où l'on se rend aux cérémonies et aux fêtes. Les contes et récits sont appuyés eux-mêmes par des illustrations, qui en fournissent un commentaire visuel. En fin de volume, les curieux et les chercheurs trouvent l'appareil de références nécessaire pour les aider à conduire leurs investigations : car qui pénètre dans le monde de la littérature orale a chance de s'y perdre, tant le goût de la parole libre peut conduire aux plus surprenants des chemins.

Jean Cuisenier