retour sur @lyon coup de coeur du jour discussion roulette meteo locale Le Purgatif Universel, par M. de Grimaldy retour
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Purgatif Universel, Febrifuge Exalté,
Elixir, Huile de vie et Or potable
par M. de Grimaldy

Ces Remèdes ont été découverts par feu Monfieur de Grimaldy, Seigneur de Copponay, Médecin du Roy de Sardaigne, Duc de Savoye, &c.

Monfieur de Grimaldy a toujours été occupé à la recherche des merveilles de la Nature, à raifonner profondément fur fes productions, à faire un nombre infini d'opérations, & de ferieufes réflexions fur fes propres expériences. C'eft par ces moyens qu'il avoit acquis de grandes connoiffances dans la Médecine, qu'il a fait valoir les heureux talens que Dieu lui avoit donnez en cette fcience, & qu'il a fi utilement employez au foulagement du Public.

Enfin dans le deffein qu'il a eu de ne pas laiffer éteindre de fi belles connoiffances, & ayant trouvé dans Mademoifelle de Grimaldy fa Fille aînée des difpofitions pour lui fuccéder, il l'a cultivée dés fa tendre jeuneffe, en lui faifant part de toutes fes découvertes, & des lumières que les expériences de plus de cinquante ans, lui avoient acquifes.

Le nom de cet Auteur eft connu à Paris, où il a fait quelque féjour il y a environ quarante ans ; il a été en liaifon avec plufieurs Médecins de Paris & de Montpellier, qui l'ont honoré de leur eftime & de leur amitié ; & finguliérement avec Monfieur Daquin, premier Medecin du Roy, qui lui fournit des occafions remarquables pour exercer & expérimenter la bonté de fes remèdes. M. de Luxembourg, M. le Prince de Lilebonne, Madame Daquin, & plufieurs autres perfonnes de diftinction furent guéris par l'ufage de fes Remèdes, des maladies qu'on avoit déclarées incurables : ce qui augmenta fa réputation d'une maniére à lui donner toute la fatisfaction qu'il pouvoit défirer.

On lui fit d'abord des offres très avantageufes pour l'engager à s'établir à Paris ; mais le zèle qu'il avoit pour fon Prince, & l'amour de fa Patrie prévalurent. Il retourna à Chamberry, & le Roy de Sardaigne étant inftruit de fon habileté & de fes talens dans l'une & l'autre Médecine, l'honora de la qualité de Proto-Medecin, & de Chef de fon Univerfité de Médecine Chymique de Chamberry, pour lui & pour fes Succeffeurs ; où par Lettres Patentes de fa Majefté il établit un Laboratoire public, & exerça la Médecine avec beaucoup d'honneur & de réputation, fous les yeux du Souverain Sénat & des Médecins de cette Ville, où il diftribua fes Remèdes, comme auffi en Savoye, en Piémont, dans toute l'Italie, en France & dans les principales Villes de l'Europe, où leur réputation s'étoit répandue, de manière qu'on peut dire qu'on n'en connoît aucuns dont la bonté & les effets foient plus fûrs & plus prompts.

Il étoit de conféquence, avant que d'entrer en matière fur l'excellence de ces Remèdes, d'en marquer l'origine, & d'en faire connoître la réputation, afin qu'on foit informé qu'on ne propofe rien de nouveau, qu'il y a affez de temps qu'ils font connus & expérimentez, pour qu'on puiffe hardiment s'en fervir avec toute la confiance que l'expérience confirmée fur un fujet fi important peut mériter.

Vertus du Purgatif


Ses vertus & fes principales actions confiftent à fortifier fouverainement la nature. Il guérit auffi promptement qu'on puiffe raifonnablement le fouhaiter, pour peu qu'il y ait de reffource & de poffibilité ; & la guérifon qu'il procure, eft solide & affurée, particuliérement pour toutes les maladies aiguës, ou d'inflamation, & où il y a du venin, comme fièvre maligne, bubons peftilentiels, petite vérole & rougeole ; il eft affuré pour la pleuréfie, peripneumonie, efquinancie, erefipele, fièvre intermittante & quotidienne ; il eft immanquable pour la dyffenterie, flux de fang & dévoyement ; il arrête les hémorragies, confolide & cicatrice les veines rompuës, guérit la colique, de quelque nature qu'elle foit ; il n'a guère manqué d'hydropifie, pas même celle de matrice. Il guérit les pertes de fang cauffées par fa trop grande coagulation ; & en lui rendant la fluidité, rétablit les régles, corrige leurs irrégularitez, lefquelles ne font point un empêchement de le prendre, quand quelque befoin le requiert. On le donne hardiment aux femmes enceintes dans le tems de leur groffeffe, devant & aprés l'accouchement ; il facilite beaucoup, & prévient tous les accidents dangereux qui l'accompagnent & le fuivent ; il remédie à la ftérilité de l'un & de l'autre fexe, quand elle n'eft caufée que par accident ; il fortifie les vaiffeaux ; il fait déclarer les maladies fecrettes, lorfque par certaines difpofitions du tempérament elle fe concentrent & demeurent cachées pendant plufieurs années : ce qui eft dangereux ; car plus les fymptômes font tardifs, plus les maladies deviennent opiniâtres, & fouvent incurables ; il avance & affure leur guérifon, quand il eft joint aux fpécifiques que donnent ceux qui traitent ces maladies. Il foulage les afmatiques, & en guérit beaucoup ; les pulmoniques en reçoivent un grand foulagement, & en font même guéris par le fecours de l'Huile de vie, fi on y remédie affez tôt. Les maladies de l'eftomach, la jauniffe, les opilations du foye n'y ont jamais réfifté ; & les perfonnes de tout fexe fujettes aux vapeurs, en feront fatisfaites. Il ouvre les abfcez internes fans nul accident, & les fait vuider par la voye la plus douce & la plus naturelle, felon les parties où ils font. C'eft auffi un puiffant Vermifuge ; & aprés avoit tué les vers, même le Solitaire, il les évacuë par la voye la plus convenable à la nature. Il réfifte puiffemment au venin, & fert de contre-poifon aux morfures des animaux enragez & vénimeux, à la figuë, au napellus, & à tous les poifons coagulans. Mais dans les autres maladies où les humeurs font groffières ou coagulées, il n'agit avec tant de vertus ; cependant il guérit les rhumatifmes vagues & douleurs errantes, la plupart des migraines, la fièvre lente, fi elle ne procéde de la perte de quelque partie noble. Il foulage les gouteux, & guérit même la goutte naiffante ; les paralytiques en reçoivent beaucoup de fecours, & fi la paralyfie eft nouvelle, on peut s'affurer de la guérifon. Les dartres, le fcorbut, les cloux & toutes les maladies de la peau qui procédent d'un vice de fang : ce Remede les emportera, n'en connoiffant point qui purifie le fang auffi parfaitement que lui : & cela, par les qualitez remarquables qu'il pofféde, de fondre, d'évacuer, de calmer & corriger.

Comme ce Remède n'a rien de violent, & que c'eft la nature qui le détermine, on ne doit pas fe faire de fcrupule, ni fur le tems qu'on le prendroit de fuite, ni fur la dofe plus ou moins forte. Enfin, il rend la nature maîtreffe de tout ce qui l'opprime, pourvû (comme on a dit) qu'il y ait de la poffibilité, c'eft à dire, que l'humide radical ne foit pas épuifé par les débauches, les fréquentes faignées & remèdes violens.

Il eft néceffaire de remarquer qu'il agit encore avec plus d'efficace dans certains cas lorfqu'il est fecondé par l'Elixir & l'Huile de vie, comme il fera dit cy-aprés, en décrivant leurs vertus.

Dofe de Purgatif


Pour les enfans, depuis l'âge de trois mois jufqu'à un an, l'on donnera le quart de la prife ; depuis un an jufqu'à trois, le tiers ; depuis trois ans jufqu'à fix, la moitié ; depuis fix ans jufqu'à neuf, les deux tiers ; & depuis neuf ans jufqu'à l'âge décrepit, on donnera la dofe entière, qu'on peut donner aux tempèramens les plus délicats. On ne prefcrit ces dofes que pour fe régler en général & à l'ordinaire : car il fe trouve quelquefois des perfonnes fi difficiles à émouvoir, qu'il leur en faut donner une prife & demi, même jufqu'à deux prifes : mais il n'en faut venir là que par degré, & aprés avoir éprouvé que la dofe ordinaire, qui eft de quarante grains, n'a pas fait l'effet qu'on attendoit.

Maniere de s'en fervir, & le regime qu'il faut garder


La veille on foupe légèrement, ne mangeant rien de crud, ni d'indigefte. Le lendemain matin on prend dans le lit cette Médecine, démêlée avec une cuillerée de fyrop de capillaire, ou dans trois cuillerées de bouillon de thé, de caffé, ou bien en bolus qu'on fair avec du fyrop de la pomme cuitte, & qu'on enveloppe enfuite dans du pain à chanter, ayant foin de rien perdre de la dofe ; mais de quelque façon qu'on la prenne, il faut d'abord un petit bouillon par deffus, & à fon défaut une taffe de thé, ou de caffé. Trois heures aprés il faut prendre un bouillon ; & fi on eft fans fièvre, on peut fe lever à midi, s'il fait chaud, dîner le plus légèrement que l'on pourra, & fouper de même. Si on eft altéré pendant la journée, qu'il y ait de la fièvre ou non, il ne faut pour toute boiffon que du vin avec les deux tiers d'eau, ou environ.

Il faut garder la chambre tout le jour, fe tenir chaudement, & mettre une ferviete chaude fur fon eftomach & fur le ventre dès qu'on a avalé ce Remède. Il faut prendre ce Purgatif de deux jours l'un jufqu'à guérifon, tant dans les maladies les plus ferieufes que dans les moindres. On doit exclure toute nourriture folide, & ne pas quitter le lit pour peu qu'il y ait de fièvre, ou de difpofition à fuer, & particulierement l'hyver. Quand ce remede trouve une extrême plénitude, il purge encor le lendemain qu'on l'a pris en ce cas, il faudra necessairement garder la chambre tout le jour. Les bouillons les plus convenables aux malades qui prendront ce Purgatif, fe feront avec du bœuf, du mouton & de la volaille, fans veau ni légumes. Si on eft affoupi aprés avoir pris la Médecine, on peut dormir fans craindre de troubler fes effets ; au contraire on doit fuivre les mouvemens de la nature que ce Remède régle parfaitement en rempliffant toutes fes indications ; il s'agit feulement d'avoir attention aux crifes, furtout à la tranfpiration fenfible que le froid peut arrêter. Il ne faut rien manger de tout ce qui peut charger l'eftomach, & aigrir le fang. Sur la fin de la convalefcence, on peut manger de la foupe, du bouilly, du rôty ; & pour le deffert, des compotes en petite quantité, obfervant toujours de fouper légèrement, ne pas trop boire de vin, & y mettre les deux tiers d'eau, ou au moins la moitié ; n'écouter aucune paffion ; ne point faire d'exercice violent, ni aucun excès. Il faut fe tenir chaudement l'hyver, & l'été éviter le ferain : car ce Remède, aprés fes opérations fenfibles, continuant d'agir pendant quelques tems par des tranfpirations infenfibles, il y auroit à craindre que le froid refferrant les pores, n'empêchât fon effet : ce  qui pourroit dans la suite caufer une rechûte, ou quelques fâcheux rhumatifmes.

Il faut bien remarquer touchant les différentes maladies, qu'il s'en trouve qui font abfolument incurables ; mais pour peu qu'il y ait de reffource, & que la nature foit affez forte pour être rétablie par le fecours d'un bon remède ; celui-ci agiffant peu à peu, & d'intelligence avec elle, la fortifiera, & la remettra dans fon premier état : mais dans un tel cas il faut agir courageufement, ne pas oublier l'Elixir pour concourir à la fin qu'on fe propofe ; & il ne faudra pas fe borner à cinq ou fix prifes du Purgatif ; il faut pour peu que l'on voye d'amandement continuer jufqu'à guérifon.

On avertit qu'il y a des cas fi extraordinaires que les premières prifes de ce Remède, faifant toujours déclarer le mal, & trouvant certaines difpofitions dans un malade, le rendent en apparence plus mal qu'il n'étoit auparavant : mais on n'a qu'à continuer le même Remède, & on verra infailliblement le malade foulagé, & enfin guéri. Cela arrive lorfque des humeurs acrimonieufes qui s'étoient amaffées en quantité, & qui étoient reftées dans l'inaction par le défaut de la faculté expultrice, étant émuës par ce Remède & mifes dans le mouvement convenable pour être évacuées, fe font fentir avec plus de violence pendant la fonte que ce Remède en fait ; & alors la nature, par le fecours qu'elle reçoit, redouble fes forces pour fe débarraffer vîte d'une caufe très dangereufe, & fouvent mortelle. Un Médecin expérimenté & non prévenu, fent la valeur du Remède dans le cas que je viens d'expliquer, mieux que dans toute autre occafion ; & même fans être Médecin, le bon fens & la raifon font juger que pour évacuer les humeurs, il faut néceffairement les mettre en mouvement, & que des humeurs d'une fi mauvaife nature ne peuvent s'émouvoir fans fe faire fentir, n'étant pas abfolument poffible à aucun remède de les corriger tout à fait, à caufe de leur quantité & du peu de tems que la nature donne lors de l'évacuation. Il doit donc fuffire au malade d'être affuré de fa guérifon, ayant prévenu un accident mortel. On fera encore attention à quelques circonftances particulières de ce régime concernant la petite verole : aux premiers avant-coureurs de cette maladie, on donnera dés le matin pendant trois jours de fuite, un prife de Purgatif, & dans la journée deux ou trois prifes d'Elixir, plus ou moins, felon les befoins & les défaillances que le malade pourroit avoir. Le lendemain des trois prifes on donnera de bon matin dix gouttes de l'Huile de vie, deux heures aprés un bouillon, le foir vers les dix heures encore une prife d'Huile de vie, & une prife ou deux d'Elixir dans la journée. On continuera ainfi pendant neuf jours ; & enfin étant convalefcent, on prendra encore deux ou trois prifes de Purgatif à un jour d'intervalle. On remarquera enfin que les malades qui auront rendu quelqu'abfcez, ceux qui auront été guéris de la gravelle, & de la rétention d'urine, feront obligez de prendre encore pendant cinq ou fix mois, tous les quinze jours, une prife du Purgatif ; & par ce moyen on pourra s'affurer d'avoir détruit tout à fait la caufe de ces maladies, d'avoir corrigé les défauts du tempérament & d'avoir rétabli parfaitement les digeftions.

Effet du Purgatif


Ce Remède agit différemment, felon les différens états du malade, & felon l'exigence de la nature, quelquefois, mais rarement par haut : mais prefque toujours par en bas, plus ou moins, felon la quantité ou la qualité des humeurs ; fouvent par les urines, les fueurs, les crachats, & par infenfibles tranfpirations. Ses effets font ordinairement prompts, quoique tres doux : ainfi il procure infailliblement la guérifon, à moins que le malade ne foit inguériffable par l'âge trop avancé, par la grande foibleffe de fa complection, ou par le défaut des principaux vifceres ; alors il n'y a point de remède, quelque fouverain qu'il fût, capable de rétablir la nature abfolument détruite ; car enfin, on le dira encore, il faut de la poffibilité. Il faut ufer du Purgatif au lieu d'autre Médecine, en prenant des Eaux minérales ; il n'y en a point au monde qui convienne mieux pour les faire paffer, & qui concoure plus efficacement à la guérifon de ceux qui les prennent.

Elixir,
fes vertus, fon ufage


C'eft un puiffant corroboratif, & le plus fouverain de tous les cordiaux ; il eft tres agréable au goût & à l'odorat ; il recrée les efprits, fortifie le cerveau, le cœur, & les préferve des vapeurs contagieufes ; il aide la nature dans toutes fes évacuations ; il fait des prodiges dans les accidens les plus férieux, comme dans les attaques d'apoplexie, paralyfie, léthargie, évanouiffement, &c. Mais dans ces occafions il faudra recourir au Purgatif, d'abord qu'on aura un peu repris connoiffance. Il eft propre aux eftomachs pareffeux & aux indigeftions. On continue d'en donner jufqu'à ce que le malade foit un peu rétabli, proportionnant toujours l'intervalle d'une prife à l'autre, felon le cas & le befoin où il fe trouve. Il feconde merveilleufement le Purgatif, furtout quand il y a du venin, qu'il faut exciter des fueurs & des crifes, & lorfque des mauvaifes humeurs agitées & difposées à s'évacuer, caufent des défaillances aux malades, & quelquefois même certains mouvemens convulfifs : c'eft dans ce tems-là principalement qu'il faut le donner, mêlé feulement avec le tiers ou le quart de fyrop capillaire ; & fi la défaillance continuë, ou fi elle revient, il faut toujours avoir recours à l'Elixir, jufqu'à ce que le malade foit remis ; mais pour l'ordinaire on doit le donner le jour de la prife du Purgatif, & le lendemain à deux heures de diftance entre les bouillons ; & on en prendra deux prifes par jour, ou davantage, s'il eft à propos.

Il faut mêler la petite bouteille avec autant de bon fyrop capillaire dans une autre bouteille, qu'il faudra agiter un peu pour les bien mêler : cela fait, on en prend plein une cuillier à caffé chaque fois. Mais il faut remarquer que dans les attaques d'apoplexie, léthargie, évanouiffement, il le faut d'abord donner tout pur, fans fyrop, & aller jufqu'à trois & quatre prifes ou petites cuillerées dans une heure, s'il étoit néceffaire ; c'eft pourquoi il eft bon d'en avoir toujours de deux façons.

Huile de vie,
fes vertus, fon ufage


Cette Huile de vie féconde, comme l'Elixir, le Purgatif, principalement dans les fièvres malignes, petite vérole, rougeole, & généralement dans toutes les maladies où il faut exciter les fueurs & les urines ; elle eft un grand fpécifique pour les pleuréfies, efquinancies, en mettant jufqu'à vingt gouttes de cette Huile fur le Purgatif, dans la cuillier, après l'avoir démêlée avec le fyrop capillaire ; ou bien, fi on aime mieux, on fera une pâte du Purgatif avec les vingt gouttes d'Huile de vie que l'on enveloppera dans le pain à chanter, & le bouillon par deffus ; & l'on frottera de ladite Huile la gorge bien chaudement dans l'efquinancie, & le côté dans les pleuréfies, mettant un mouchoir bien chaud autour de la gorge, & une ferviette bien chaude fur le côté dans les pleuréfies, & fur le ventre dans les coliques, & continuer d'en donner quinze gouttes foir & matin, les jours d'intervalle.

Elle eft cordiale, pectorale & céphalique ; elle eft très propre aux léthargies & paralyfies, pour fcorbut, les vertiges, & la manie ; elle excite les régles, les modère quand elles font trop abondantes, & apaiffe les vapeurs hiftériques ; elle eft efficace & fouveraine aux accouchemens difficiles & aux accidens les plus férieux des nouvelles accouchées, comme certaines fuppreffions, coliques violentes, vapeurs & mouvemens convulfifs ; elle nettoye parfaitement les reins & la veffie des glaires & des graviers qui s'y forment par les impuretez du fang, & fortifie les vaiffeaux. Elle eft très vulneraire & guérit tous les accidens des chûtes, des coups & contrecoups, réfout & evacuë tout le fang extravafé. Elle eft bonne aux maladies véneriennes, très propre aux épileptiques, en la prenant au commencement du paraxeome & à tous les déclins des lunes.

C'eft auffi un vermifuge très affuré. La dofe eft depuis douze gouttes jufqu'à vingt pour les grandes perfonnes, & pour les enfans, depuis trois jufqu'à fix gouttes. On fait chauffer trois cuillerées de bon vinaigre dans lequel on fait fondre du fucre de la groffeur d'une petite noix, on met dans une cuillerée de ce vinaigre chaud & fucré la dofe prefcrite d'Huile qu'on prend d'abord, & par deffus le refte du vinaigre chaud & fucré ; on en prend pour l'ordinaire une ou deux fois par jour, matin & foir.

Il faut bien remarquer de ne point donner de cette Huile aux femmes groffes, excepté dans le tems de leur accouchement, dans lequel elle eft d'un grand fecours, leur en donnant vingt ou vingt-cinq gouttes dans du vin chaud & fucré, au lieu de vinaigre, dès que les grandes tranchées leur prennent ; elle aide auffi à celles dont les maux font trop lents. Elle eft auffi très bonne aprés l'accouchement, quand les fuites ont de la peine à s'évacuer.

Il ne faut point la donner dans du vinaigre à toutes les femmes fujettes aux vapeurs & aux maux de mère, parce que les acides leur font contraires ; mais on leur donnera dans du vin chaud & fucré.

Cette Huile de vie agit dans les maladies contagieufes que nous avons défignées. Lorfqu'on s'en fert exterieurement pour cet effet, il faut en faire chauffer un peu toute pure dans une cuillier, & en frotter la région du cœur, le nombril & les poignets. L'on en imbibe un peu de cotton qu'on introduit dans le nés ; & dans les pleurefies on en frotte fouvent le côté.

Or potable,
fes vertus, fon ufage


L'Or potable eft un merveilleux mélange des parties de certains corps les plus balfamiques chargées du fouffre de l'or, il diffout radicalement, du moins autant qu'il le peut être par l'Art, fans le mélange d'aucune chofe corrofive. Ce dernier Remède fert à foutenir & à relever fouverainement les malades languiffans, furtout lorfqu'ils font épuifez par la longueur ou la rigueur des maladies. Il avance & affure d'avantage le fuccés du Purgatif ; & en fortifiant l'évacuation, il réveille en même tems toutes les forces du malade, & lui en procure de nouvelles. On mêle la petite bouteille avec fix fois autant de fyrop de capillaire. La dofe de ce mélange eft pleine cuilliere à caffé. On le prend dans les mêmes cas que l'Elixir : & avant que d'en prendre il faut toujours bien agiter la bouteille.

Ces quatre Remèdes renferment les proprietez neceffaires pour remplir parfaitement les vues de la nature, qui par le fecours qu'elle en reçoit, combat & furmonte les maladies les plus rebelles. Ils font inaltérables, & ne perdent jamais rien de leurs vertus en quelque lieu qu'on les porte, & quelque tems qu'on les garde. Ils conviennent à tous les âges & à tous les temperamens ; on les peut prendre à toute heure & dans l'inftant même, dés la premiere attaque du mal.

Il faut bien remarquer que ces Remèdes doivent être employez feuls, & qu'ils ne fouffrent point le mélange d'aucuns autres remèdes, & que ce n'eft qu'à cette condition qu'on doit s'affurer de leur bon fuccès. Cependant la conduite & la prudence d'un fage Médecin les fera toujours agir avec le même fuccès, & fera d'un grand fecours aux perfonnes diftinguées, qui pour l'ordinaire ne font point inftruites du régime qu'on fait obferver aux malades, pas même dans les moindres maladies ; mais pour peu qu'on ait vû & foigné des malades, qu'on prenne garde à ne pas détourner la nature dans fes opérations, on pourra aifément & hardiment s'en fervir, & les conduire : car on en ufe depuis fort long-tems dans des campagnes les reculées, & on s'en trouve fi parfaitement fatisfait, qu'on ne ceffe point d'en publier les louanges.

On ne doit point s'étonner de l'étendue des proprietez de ces Remèdes : les Maîtres de l'Art font fuppliez de confidérer que ce ne font point des découvertes ou des effets du hazard, mais des Spécifiques affurez felon les principes & les loix de la Médecine même, dont ils font des légitimes productions, puifqu'ils doivent le jour à un fçavant Médecin.

Il faut obferver de ne jamais fe faire faigner, parce que le fang étant l'âme de la nature, il ne fçauroit être trop abondant ; & lorfqu'il eft mauvais, ces Remèdes le purifient parfaitement, le confervent & en tirent ou corrigent les humeurs acrimonieufes qui s'y mêlent. Le malade eft plus promptement & plus furement guéri lorfqu'il n'a point été faigné.

Fin de Feu Mr de Grimaldy
corrigé par Mlle sa fille.