La boulangère a des écus

La belle Boulangère
A presté son devant
Avec une lingère
Pour avoir de l'argent,
Et leurs maris cocus
Cocus tous pleins de cornes
Vous amassez beaucoup d'escus.

La boulangère a des écus
Qui ne lui coûtent guère
Elle en a, je les ai vus
J'ai vu la boulangère
Aux écus
J'ai vu la boulangère.

- D'où viennent tous ces écus
Charmante boulangère ?
- Ils me viennent d'un gros Crésus
Dont je fais bien l'affaire
Vois-tu
Dont je fais bien l'affaire.

A mon four aussi sont venus
De galants militaires
Mais je préfère les Crésus
A tous les gens de guerre
Vois-tu
A tous les gens de guerre.

Des petits-maîtres sont venus
En me disant : "Ma chère,
Vous êtes plus belle que Vénus".
Je n' les écoutais guère
Vois-tu
Je n' les écoutais guère.

Des abbés coquets sont venus
Ils m'offraient pour me plaire
Des fleurettes au lieu d'écus
Je les envoyais faire
Vois-tu
Je les envoyais faire.

- Moi, je ne suis pas un Crésus
Abbé ni militaire
Mais mes talents sont bien connus
Boulanger de Cythère
Vois-tu
Boulanger de Cythère.

Je pétrirai le jour venu
Notre pâte légère
Et la nuit, au four assidu
J'enfournerai, ma chère
Vois-tu
J'enfournerai, ma chère.

- Et bien ! épouse ma vertu.
Travaill' de bonn' manière
Et tu ne seras pas déçu
Avec la boulangère
Aux écus !
Avec la boulangère.