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Les femmes de réconfort pendant la seconde guerre mondiale

Ceci est un commentaire du livre The comfort woman de George Hicks, relatant la prostitution forcée de femmes par les japonais pendant la seconde guerre mondiale.

Lorsque les soldats ont investis le village, j'étais entrain de cuisiner, il n'y avait aucune possibilité de fuite. Trois soldats, armés de fusils ont pénétré notre maison, et ont commencé à arracher mes vêtements. Mes parents sont venus à mon secours mais ils ont frappé mon père à coup de pied, il y avait du sang partout. J'essayais de me debattre, mais ils m'ont frappé également. Puis ils ont enlevé mes sous-vêtements, et un des hommes a déscendu son pantalon, et alors que les autres me tenaient, il a rentré sa chose en moi. Je n'avait aucune idée de ce qu'il essayait de faire, je ne connaissait rien de ce genre de choses, je n'avais que 15 ans...

Ce bref passage que l'on peut lire dès l'ouverture du livre en résume le sujet et en donne la meilleure des définitions. Il s'agit de l'enrôlement forcé de femmes de tous horizons pour servir d'esclaves sexuelles à l'armée impériale japonaise. Principalement coréennes, mais aussi japonaises, taiwanaises, indonésiennes, ou des philippines, elles ont toutes du servir l'armée japonaise, alors en guerre, dans le but d'augmenter le moral des troupes, mais aussi de prévenir les viols de la population locale, et de contrôler l'hygiène de ses soldats (en imposant le port du préservatif). Le livre en fait une analyse profonde, des manières de recrutement, des lieux, des raisons, des conséquences, et les mélange avec de nombreux témoignages de survivantes, parfois très durs. (C'est le thème de la partie the comfort women, le livre, qui suit cette introduction. Même si les faits principaux remontent à la seconde guerre mondiale, ce phénomène existait déjà dès 1930. Les origines du livre de l'auteur George HICKS (publié en 1994) remontent en 1991, lorsque quelques femmes coréennes ont intenté un procès au gouvernement japonais, et que celui-ci a catégoriquement nié l'existence de telles pratiques. C'est ce qui a poussé Hicks à aller plus loin dans les recherches sur le sujet et à écrire The comfort women.

Politique de prostitution forcée menée par le Japon lors de la seconde guerre mondiale. C'est en ces termes que l'auteur donne une définition précise des comfort women, ou femmes de réconfort. Il s'agissait donc d'offrir à leurs soldats les charmes de femmes en contrepartie d'une somme modique. Bien que le Japon en fit un usage que l'on pourrait qualifier de masse lors de la seconde guerre mondiale, le chapitre The flesh market situe les origines de ce phénomène bien avant. Juste après le massacre de Shanghai, en 1932, ou l'armée japonaise à commis des milliers de viols, il fut décidé en haut lieu (Par le Général Okamura Yasuji) d'endiguer ce phénomène en créant des établissements spécialement conçus pour assouvir les pulsions sexuelles des troupes.

Pourquoi ce besoin de femme

Plusieurs autres raisons viennent s'ajouter à celle-ci. Fighting men and sex établit le parallèle entre le coté guerrier des soldats et leur besoin de loisir et de réconfort, qui serait leur coté plus humain. Outre le fait que cette mesure servait à empêcher le viol de la population locale, en le légalisant dans certains lieux (nous verrons pourquoi par la suite), le caractère stratégique de la chose avait également son importance. L'auteur nous explique qu'un soldat qui passait toute la journée à se battre, pendant des mois et des mois voyait vite son moral tomber au plus bas. Le moral de la troupe étant un élément déterminant dans la victoire, selon le gouvernement japonais, leur faire pratiquer du sexe était le meilleur moyen de garder la motivation de ceux-ci intacte.
Les autorités souhaitaient également contrôler l'hygiène de leur armée, en imposant le port du préservatif dans les stations de confort. L'ampleur du phénomène était telle, que c'est non seulement devenu un rituel, dans lequel les anciens poussaient les plus jeunes à s'engager (The empire of Sun), mais également jeu de superstition. En effet, avoir une relation sexuelle avec une femme de réconfort préservait des blessures, les hommes partant même se battre avec les cheveux de celle-ci en guise d'amulette

Qui et comment recrutait-on

S'appuyant sur les base de données existantes, l'auteur chiffre le nombre de femmes de réconfort à 139.000, qui ont du satisfaire plus de 7 millions de soldats. 80% d'entres elles étaient coréennes, les 20% restants à diviser entre des japonaises, taiwanaises, indonésiennes, ou en provenance des Philippines. La plupart âgées de 16 à 18 ans. Appelées également les P, comme prostitute, on les qualifiaient souvent sous forme de P ajouté à leur nationalité, elles étaient à la base de la vision japonaise de l'équilibre militaire.
La procédure de recrutement pris une tournure de plus en plus autoritaire (Mme X et Mun Ok Ju). Menée sur tous les territoires occupés par le Japon, il fut d'abord basé sur le volontariat. Cela ne suffisant pas, des prospecteurs allaient de villages en villages, pour proposer du travail aux filles, restauration, ménage. Taches qu'elles n'ont jamais effectuées.Enfin, comme cela ne suffisait toujours pas, l'embarquement de force, par enlèvement, fut largement pratiqué. Les conditions de vie à l'intérieur des maison de réconfort étaient pitoyable, une toute petite chambre, interdiction formelle de quitter le camp, elles devaient avoir jusqu'à 70 rapports par jours

Organisation des maisons de confort

Les maisons closes étaient situées la ou il y avait l'armée japonaise, souvent en chine et en Mandchourie, et surtout près des zones de combats ( Comfort women on campaign). Souvent les comfort women suivaient la progression des unités lorsqu'elles étaient mobiles ou partaient pour une mission de longue durée.Les maisons étaient dirigés par des individus privés (une sorte de concession), soit par l'armée elle même et également par les gouvernement locaux. ( Deception and abduction, the shangai regulation). Une régulation très précise a été mise en place, décrivant les responsabilités de chacun, les tarifs, les horaires de travail, les mesures d'hygiène.
Les services rendus par les femmes n'étaient pas gratuits pour les soldats, une politique tarifaire très précise fut élaborée, avec discrimination selon la classe de soldat, la nationalité de la femme. Ce sont les dirigeants des maisons qui récoltaient le revenu et étaient censés les redistribuer aux filles. La pratique courante était bien évidemment de les spolier en ce basant sur leur ignorance ou leur incapacité à se défendre (Money Matters).
Le service était ouvert 7 jours sur sept, de 09h00 à 00h00. Le personnel féminin avait droit à deux jours de repos par mois (les jours de leur menstruations) et une demie journée pour visite médicale, quand ceux-ci étaient respecté (Time out in a comfort station).La santé fut aux centre des préoccupations japonaises, une désinfection des chambres, des visites médicales, le traitement des maladies vénériennes parfois précaire), l'obligation du port du préservatif, souvent réutilisés après lavage (Sex in a war zone) étaient les règles en vigueurs.

La vie dans les bordels

La vie dans ces maisons était extrêmement difficile à supporter pour les filles, outre le fait qu'elles étaient elle même exposé à la guerre, puisque situées sur les lignes de combats, le recours à la violence pour les rendre docile était chose courante.
Toutes les femmes kidnappées ou abusées par la promesse d'un faux travail ont été battues pour les obliger à avoir des relations sexuelles. Les clients, souvent ivres usaient de leur force pour parvenir à leurs fins. Elles étaient battues, torturées, subissaient des humiliation en public pour servir d'exemple à d'autres récalcitrantes potentielles.
Les femmes contaminées par des maladies vénériennes, étaient abandonnées ou tuées, voire torturées (Staying healty).
Le nombre important de relations sexuelles à avoir rendait la tache mécanique, donnant une raison de plus pour les battre (comfort women on campaign).L'espérance de vie n'était pas très grande, il y eu beaucoup de suicides, de mutilations.
L'auteur a remarqué au delà de tout cela, que les relations avec les soldats pouvaient prendre une forme privilégiée (Sex in a war zone, love and kindness). Il arrivait que les femmes se prennent de sympathie pour des soldats, qu'elles pleurent le mort au combat, qu'elles soient même jalouses si ils allaient voir une autre fille. Et inversement, les soldats leur offraient des cadeaux, tombaient amoureux et cherchaient à monter des projets d'après-guerre.
Enfin, leur temps libre, elles le passaient entre elles, à jouer aux cartes ou à faire en sorte d'améliorer leur niveau de vie pour les plus fortes.

La défaite japonaise

Sur les 139.000 femmes de réconfort évaluées par l'auteur, le peu de survivante épargnées par les maladies, les mauvais traitements, la guerre et autres sources de mortalité, The end of a nightmare, the beginning of another nous fait réaliser que le terme de la guerre ne coïncidait pas avec celui des femmes.
La politique japonaise de dissimulation de la preuve a conduit à des massacres, des abandons pures et simples. Désemparées, certaines ont continué leurs activités avec les nouvelles forces en présence, les américains. D'autres ont entrepris de rentrer dans leur famille mais furent rejetées par elles.
Outre les blessures physiques à soigner, le coté psychologique est quasiment incurable, beaucoup ne purent plus regarder un homme pendant longtemps, et toutes leurs chances de construire une famille se sont effondrées.

L'emergence du mouvement de réparation

En parcourant les chapitres introductifs ainsi que Consciousness-raining and explosure, on comprend pourquoi ce phénomène fut pendant longtemps ignoré par l'opinion public.
C'est à partir de 1991 que les premiers mouvements se sont créés, notamment grâce à la procédure judiciaire demandée contre le Japon par une ancienne comfort women, Kim Hak Sun (Introduction). On apprend également, que l'on doit aussi la mise à jour de ces pratiques à une photographe, Senda Kako, qui a vu un jour une photo représentant un soldat accompagné de deux jeunes femmes, s'est demandé ce qu'elles faisaient dans le coin en temps de guerre, et a découvert la vérité.
Le Japon a longtemps dissimulé ces faits, avec la collaboration des pays concernés, sous dépendance économique. Des circulaires sont passées dans les stations, à l'approche de la fin de la guerre, donnant des directives pour cacher les faits. Le Japon a reconnu les faits après que des preuves irréfutables aient vu jour.
Les excuses officielles n'interviendront que longtemps après. Les anciennes femmes de réconfort demandent des compensations consciousness-raining and exposure, mais n'ont encore rien reçu à ce jour, le gouvernement arguant qu'il y a prescription ou qu'elles étaient payées lors des faits. (The politics of sexe).
Le chapitre The government speak-up nous énumère même la défense du Japon ; Qu'elles avaient accepté le travail pas avidité d'argent, que toutes les femmes recrutées n'étaient pas des comfort women. Cet argument a tenu un lap de temps grâce à la collaboration des pays concernés. L'auteur nous explique qu'il n'y a rien d'étonnant à cela dans la mesure ou le Japon est traditionnellement un pays dominé par les hommes, et dans lequel il est très difficile pour une femme de se faire entendre.

Conclusion

La particularité principale de ce livre est le mélange de récits historiques provenant de référence bibliographiques et de bases de données internationales, avec des témoignages d'anciennes comfort women.
Même les plus indifférents au sujet seraient marqués par les témoignages qui interviennent dès le début du livre, comment une jeune fille de 15 ans a pu, après s'être faite violée devant ses parents, se retrouver dans des comfort station ?
Autre élément extrêmement positif à mes yeux est le nombre de sujets analysés. Ils sont nombreux, qui, pourquoi, comment, ou, les règles imposées, les tarifs des services, les mouvement de compensation, tout y est expliqué avec précision. Des images, placées en milieu de livre, nous donne une idée plus précise de ce qu'était ces maisons closes et nous montre le visage des personnes qui ont fait monter l'affaire au grand jour.
Ce que l'on pourrait peut être lui reprocher, c'est le manque d'organisation de tous ces éléments. En effet, les sujets sont développés dans plusieurs parties, ce qui rend le commentaire difficile, dans la mesure où il n'y a pas de cheminement logique. Un aspect répétitif des éléments en est une autre conséquence.
Il est évident que la logistique nécessitée par le déplacement en masse de femmes, en terme de moyen de transport, réseau de communication et établissement des règles montre à quel point ce phénomène était institutionnalisé.
Il a fallu attendre 1992 et la visite du premier ministre japonais, Miyazawa Kiichi, dans les pays anciennement occupés par le Japon, pour que celui formule des excuses officielles. Reste à attendre les premières mesures compensatoires.
Pour terminer avec le sujet, les pays asiatiques ont gardé des traces irrémédiables de la politique japonaise lors de son occupation. Nous parlons ici du tourisme sexuel (source s'entrée de devise), qui est très développé dans ces pays. Les gouvernements n'hésitent pas à encourager tout ce qui peut faire entrer des devises dans le pays, Le concept ne s'est jamais terminé...