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Un peintre "médiéval"...
pour la Saint-Louis

La superbe affiche évoquant les départs de croisade, c'est lui. Rencontre avec un artiste différent.

Depuis deux ans, les programmes, les cartons d'invitations et les affiches de la Saint-Louis d'Aigues-Mortes reproduisent une oeuvre superbe du peintre lyonnais Jean-Claude Buisson....;

Après avoir "fait" l'école des Beaux-Arts à Lyon, de 1955 à 1961, on n'entendit pas parler de lui pendant plusieurs années. Puis ce fut une véritable explosion de réalisations et d'expositions dans les plus grandes villes et autres hauts-lieux culturels comme Paris, Reims, Lyon, Toulouse, Genève, Royan, Val d'Isère, Saint-Etienne, Saint-Tropez, Orly, Montpellier, et ces jours-ci, Aigues-Mortes.

Il sera jusqu'à dimanche à la porte de la Gardette. Peintures, livres, enluminures, Jean-Claude Buisson ne reproduit que ce qui est médiéval. C'est d'ailleurs assez déroutant, ce peintre jeune qui plonge son pinceau plusieurs siècles en arrière. Au premier regard, l'ensemble dégage une impression de fraîcheur, de vivacité, le ciel est presque toujours bien bleu et serein mais c'est peut-être le seul optimisme que dégage la toile. Les personnages, eudx, ont des mines, plus que patibulaires, des visages grimaçants.

Une inspiration très travaillée

Il avoue être très tôt le matin à son chevalet, car sa peinture n'est pas facile : chaque personnage est d'abord placé dans une situation donnée, il le fignole en respectant cette situation : il lui donne un visage, une expression qui lui seront propres. Chaque personnage à son costume approprié, différent de son voisin. Les animaux sont même introduits dans le tableau car l'auteur avoue un faible pour nos petits compagnons à quatre pattes qui sont sa seule compagnie pendant ses heures de travail.

Donc, chaque personnage étant ainsi minutieusement campé, Buisson les intègre dans un ensemble qui va devenir l'esquisse de la future toile. Il n'est donc pas question, pour lui, de partir en vadrouille à la recherche d'une hypothétique inspiration, et de jeter des flous colorés sur un espace plus ou moins préparé.

Lui, dès 7 heures du matin, il s'installe au travail, se plonge dans la situation qu'il a choisie de représenter ou qu'on lui a commandé de représenter et les idées lui viennent tout de suite. Buisson, il faut le connaître, il faut aller le voir : par un certain côté, pour le soin du cadre, c'est Jérôme Bosch, ce sont les enluminures moyenâgeuses, mais c'est également les caricatures... Daumier... Dubout...

Midi Libre, vendredi 24 août 1990