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Il était une fois...

peintures et dessins de Jean-Claude Buisson
du 26 septembre au 17 octobre 1997 à la Spirale du Toboggan à Décines

Il était une fois...
Ainsi commencent nombre de fables et de contes, histoires fantastiques ou féeriques, curieuses ou pittoresques, mythes et légendes qui ont enchanté nos lectures de jeunesse et peuplé nos pensées d'images mirifiques et magiques.

Jean-Claude Buisson nous transporte dans un autre temps et un autre espace, de Cour des Miracles en Jardin des Délices, de Notre-Dame en Forêt de Brocéliande, là où se cotoient Quasimodo et le Roi Arthur, Clopin Trouillefou et Dagobert, Panurge dit "Mâchemerde", ... et Béelzébuth, ... et Rossinante.

Cette oeuvre, naïve d'apparence, est d'une technique irréprochable, sans fioritures inutiles, mais cependant fouillée et d'un dessin d'une simplicité extrême et efficace. Elle nous montre et nous raconte tout un monde grouillant de personnages burlesques et ubuesques : bohémiens, saltimbanques, tire-laines et vide-goussets, nonnes et capucins, mais aussi de Seigneurs, Reines et Rois, Evêques et Chevaliers.

Un monde où les mendiants, les culs-de-jatte, les boiteux, les poissards font la nique aux puissants, aux nobles, aux damoiselles et damoiseaux,
... où déambulent, en parades de cirque, jongleurs et acrobates, fildeferistes et drôles d'oiseaux,
... où, sous les oriflammes, bannières et drapeaux des fêtes de villages, se vident les tonneaux et défilent, avec trompettes et tambours, derrière le mirliton et l'hélicon, l'homme à la tête de cochon, le Fou du Roi, le roi des fous, lilliputiens, moines et catins,
... où se croisent, sous l'inaccessible étoile, astrologues et astronomes, alchimistes et abstracteurs de Quinte Essence, chercheurs de Graal, voleurs de soleil et marchands de pluie, emballeurs de neige et arracheurs de dents, diables et démons, des monts et merveilles.

Tout un univers surréaliste qui ravit le regard, revisité par un Breughel ou un Jérôme Bosch de notre époque, truffé d'allégories et de symboles, dans une ambiance qui n'est pas sans évoquer les magnifiques enluminures des "Très Riches Heures du Duc de Berry", baigné des couleurs chatoyantes des almanachs du Moyen-Age.

Jean-Claude Buisson est un planteur de décor, de "côté cour" à "côté jardin", l'un toujours plus ensoleillé que l'autre, d'où entrent et sortent noir Scaramouche et blanc Pierrot qui saluent, en passant dans la lumière, la palette de l'Arlequin, comme dans le grand théâtre de la vie.

Jean-Claude Buisson est un tireur de ficelles : il lève le rideau rouge qui découvre la grande scène de la comédie humaine, celle où nous sommes toutes et tous, un peu Esméralda et Don Quichotte, la Dulcinée de Toboso, Pantagruel ou Tartarin.

Jean-Claude Buisson est un réveilleur de poètes : il peut, de chacun de nous, faire des blanchisseurs de nuages et des pêcheurs de lune.

Jean-Marie Lemaire
Décines, le 26 septembre 1997