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Buisson le moraliste

Ce lyonnais, qui expose actuellement à Montpellier fait dans la satire caustique. Avec talent.

Au centre du tableau, une mêlée insensée, remplie d'effroi, de couleurs et de caricatures.

L'homme qui est ainsi assailli est un sportif, maillot rayé, jambes à son cou, il ne sais comment échapper à la meute qui le protège (les agents en bleu de la force publique), et à celle qui l'agresse, journalistes de tous poils, caméras perchées, micros tendus, crayon soupçonneux à portée de calepin, paparazzi du scoop.

Le tableau s'intitule "Le journalisme sportif", mais il pourrait tout aussi bien évoquer "l'angoisse du gardien de but". Son auteur, Jean-Claude Buisson, un caustique Lyonnais, dessinateur dans l'âme et artiste de son état, n'a pas le regard tendre, mais la palette acidulée. Il vit tranquillement à la campagne, environné de chiens et de chats qui tiennent, dans ses tableaux, une compagnie étonnée aux humains déchaînés qui s'agitent autour d'eux.

On l'aura compris : chez Buisson, l'homme est la cible, qu'il égratigne de son acide regard, grimaçant les visages, et grimant les certitudes. C'est toujours ça de pris sur l'ennemi.

L'ennemi, en l'occurence, c'est la folie. Qui, de Bosch à Breughel et de Daumier à Dubout, racontent l'envers du décors, les ridicules, le grotesque et l'inavouable. Tendance moraliste grand "M". Du reste, Jean-Claude Buisson situe tout le monde au Moyen-Age, histoire de brouiller les pistes des vérités trop faciles. Dans son univers où l'ancien fait la nique au nouveau, seul le paysage est tranquille. Les cieux, quant à eux, s'embrasent ou claquent au vent, comme des pensées courroucées. Tranquille, Buisson ? Allons donc ! V'là aut'chose...

LO.
Midi Libre, Dimanche 1er avril 1990