Retour sur @lyon Retour

Palette de feu de Georges N'Guyen

Exposant pour la première fois à Bourg-en-Bresse, l'artiste Croix-Roussien offre au regard du public ses toutes dernières oeuvres.
Force, puissance et sincérité.

Les expositions se suivent et ne se ressemblent pas au creux de l'Atelier Bourgmayer. Et c'est tant mieux car, en matière d'art, il n'existe point de frontières ni de barrières. Après la série de fines estampes figuratives signées Xavier de Merona, artiste jurassien, Roland-Girardet convie le public à découvrir les toiles fortes et puissantes de Georges N'Guyen, peintre aujourd'hui Croix-Roussien, d'origine mi-vietnamienne mi-espagnole et ayant travaillé avec Franta à Saint-Paul-de-Vence.
"Le raffinement et la délicatesse orientale aux multiples facettes, mariés à la vigueur et la rigueur occidentales en une palette qui nous transporte dans un rêve coloré" : l'oeuvre de Georges N'Guyen, qui ne se décrit pas mais se vit et se ressent, est assurément à découvrir. Et à conseiller à tous les esthètes et amoureux de l'art et de tous ses déliés. Que ceux qui ne jurent que par le figuratif se déplacent tout de même : les grands ou petits formats nés de la volonté de l'artiste de "faire des choses qui explosent et qui remuent, des choses très fortes et très belles" et, surtout et avant tout, "d'y prendre plaisir", dégagent une telle puissance et une telle énergie qu'on ne saurait rester de glace devant ces "Sans titre" de feu où flamboient de profonds bleus d'océan, de brûlants oranges, d'ardents verts et d'insoupçonnés mauves.
L'oeuvre est grande mais le créateur reste modeste. Et sincère, avec lui-même - "J'aime aller au bout d'une histoire, d'un thème" et "il faut sans cesse se remettre en cause" - et avec un public qui le surprend parfois.
Des premiers salons collectifs à Lyon, dans les régions rhônalpine et méditerranéenne, jusqu'à cette exposition toute personnelle, en passant par l'ouverture d'un vrai et vaste atelier à la Croix-Rousse, Georges N'Guyen avance avec fougue sur les chemins de l'art, à travers d'évolutives matières - encre, aquarelle, huile et aujourd'hui acrylique -, de spontanés thèmes - le corps humain et ses jeux, la corrida et sa couleur, le voyage et sa magie, le Népal et son rêve, et ces dernières et audacieuses portes ouvertes sur le monde - et toujours avec une énergie communicative. Jusqu'où ira-t-il ?... On peut espérer fort loin.

A.P.
Le Progrès du 21 décembre 1995