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Portraits sur canapé

Comment considérer le portrait autrement que par l'image vieillotte d'un monarque ou d'un couple bourgeois, raides et faux, fatigués pour avoir trop cherché la bonne pose, nerveusement tendus sous l'effet des crampes ?

Prenez un canapé confortable et pas moche, invitez quelques amis ou autres gens de passage venus visiter votre atelier, proposez-leur de se mettre à l'aise, offrez un verre, commencez à parler de ce qui nous intéresse comme de ce qui n'intéresse personne et dans le même élan, sans rien bousculer, préparez la palette. Puis avec le même regard peignez votre interlocuteur. Ajoutez à cela une consigne : bougez, soyez vous-même sans trop penser à ce qui peut se passer sur la toile, et surtout interdit de prendre la pose !

Ainsi vous aurez passé un agréable moment avec la personne que vous aurez peinte, celle-ci se sera sincèrement intéressée à votre travail du fait d'avoir suivi et contribué à la réalisation d'une oeuvre.

En renouvellant l'expérience, vous vous apercevrez très vite que l'attitude physique, notamment la posture assise est tout aussi révélatrice d'une personnalité que l'expression d'un visage. Et, pour finir, si vous faites réagir le canapé et le fond de la toile en fonction de la conversation toute votre image sera imprégnée de l'état d'esprit de votre visiteur.

Vous n'aurez donc pas l'impression d'avoir travaillé avec un modèle qui se serait adapté à ce que vous voulez peindre, mais c'est plutôt l'évolution de cette personne qui vous a amené à ce que vous avez peint.

Gédéon Sillac