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Je ne suis pas collectionneuse de tableaux, pas même amateur de peinture, j'achète parfois des toiles, toujours par coup de foudre, le plus souvent déraisonnable, lorsque je suis fauchée, pour conjurer le sort.

Ce jour-là, je suis entrée dans la galerie tout à fait pour autre chose, et Favrene m'a regardée. Pas le bonhomme, je ne le connais pas. Ses tableaux m'ont regardée. Des yeux émus et gais rigolaient, se foutant de moi avec une santé et un culot qui manquent si souvent qu'il m'arrive parfois de m'ennuyer des journées entières. J'avais envie de rejoindre les équipées que proposaient les toiles, de m'embarquer dans ce monde où l'on boit du vin rouge bercé dans des 2CV, avec des femmes et des hommes dorés (ni blancs, ni jaunes, ni rouges) qui ont le feu aux joues.

Alors, j'ai regardé Favrene, je veux dire, ses tableaux. A coup de couleurs sourdes et sombres, il fait de la joie, Favrene, et la réalité en oublie d'être désolante. Il fait avec ses pinceaux et ses pastels le boulot qu'on se cogne chaque jour : transformer le merdier ambiant en petits moments acceptables.

Ce jour-là, j'ai acheté un pastel. Pour me donner une raison supplémentaire de me lever le matin. Ca sert à ça, la peinture. A vous encourager. Lorsque je regarde mon Favrene, ses couleurs poudrées me mettent en appétit, ses femmes me tendent éternellement leurs joues briochées et leurs yeux brillants de miel, et je me souviens que parfois les journées sont en fesses et en caresses, en rires et en vin rouge, en chair, bonne chère... et pas qu'en os !

Chantal Pelletier