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Favrene :
la truculence de l'esprit français

Parmi les peintres les plus originaux de Lyon, Favrene est sans doute celui dont l'oeuvre prend de l'importance. Au même titre que Ariel, Bourrat, Darodes, Evaristo, ou le regretté Veimberg, il donne une vision du monde attachante, forte et personnalisée au point que l'on pourrait prendre sa peinture comme une résurgence de l'expressionnisme ayant assimilé - au passage - une certaine forme "naïve" de l'art.
Né en 1934, "après ne pas avoir fait les Beaux-Arts" (dit-il), Favrene vit, travaille et "se promène" à Lyon. Dans ses parcours "balisés" (et non banalisés"), il s'attarde sur les sujets qui ne manquent pas de rendre hommage aux petites choses sympathiques "en voie de disparition" (souligne-t-il), ces traditions pittoresques qui font le sel de l'existence.
Habitué du salon Regain, accessible au grand public (on acquiert ses oeuvres à partir de 2.500 francs), Fravrene expose galerie Gérard-Chomarat (place Ambroise-Courtois Lyon 8e).
Ainsi, dans son travail, prend-il soin de rappeler que le vin qui stagne au creux de sa palette tutoye les femmes en portes-jarretelles qui remplissent le ciel de ses fantasmes, dans un langage permanent débordant de truculence. Et comme une divagation en cache une autre, Favrene se plaît aussi à peupler ses toiles de la fameuse "deudoche", voulant immortaliser "l'esprit français" et servir de "contrepoison" aux boîtes de coke envahissantes que Warhol nous a léguées...

Bernard Gouttenoire
Le Progrès du dimanche 18 avril 1993