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Presse
Le Progrès
13 février 1990
 
 

Serge Champin,
du fantastique au réalisme

D'un univers fantastique, aux tons souvent "sourds" peuplé d'êtres angoissés ou angoissants, à des compositions plus "réalistes", portraits ou scènes quotidiennes, une composante essentielle de l'art guide l'oeuvre picturale de Serge Champin : la sensibilité.
Passionné de peinture depuis son adolescence, Serge Champin autodidacte, y consacre le plus clair de son temps depuis une vingtaine d'années. Travail dans sa "chambre-atelier" sous les toits, nombreuses lectures, visites de musées, rencontres avec d'autres peintres : l'art est une quête permanente dans la vie de ceux qui s'y adonnent.
Fidèle à la technique de l'huile et à une minutie qui confère à ses toiles un aspect "bien léché", cet artiste lyonnais s'est d'abord attaché à présenter, à travers des oeuvres riches de symboles et couleurs, des univers fantastiques. Où se mêlaient paysages fantasmagoriques et portraits - souvent autoportraits - puissants, images bibliques et visions futuristes ("La Mort du Clone" pour ne citer qu'un seul titre). Puis, peu à peu, le fantastique a laissé place au réalisme, un réalisme qui amène le "spectateur" à la réflexion et à l'interrogation. Faisant appel à l'académisme et à une technique rigoureuse, les oeuvres que signe actuellement Champin évoquent souvent l'enfance et l'adolescence.
Admirant particulièrement les oeuvres des peintres du fantastique et les pré-raphaélistes (Rossetti, entre autres) Serge Champin apprécie également la classicisme de "l'école lyonnaise". Il travaille d'ailleurs, depuis quelques jours, sur un "hommage à Berjon", un portrait du peintre au travers duquel devrait s'exprimer toute la personnalité du personnage.
Ses dernières toiles sont visibles à l'atelier Franklin, un lieu consacré à l'encadrement et à la restauration de tableaux, qui se doublera prochainement d'un espace d'exposition.
Peut-être l'occasion de rencontrer un artiste fidèle à sa propre vision de l'art, loin de toute notion de mode ou de "créneau commercial".
 

1993

Regain 1993
Une sélection aussi large que possible

Le Salon Regain, très loin de l'esprit de la biennale dont il se réclame on ne sait pourquoi, a été officiellement inauguré. Répondant aux voeux de Mme Geffroy, le président du Salon Patrick Galante, qui débute son mandat, a tenu à présenter un choix de peintres aussi large que possible. Il sait qu'il devra cependant être plus sévère sur les envois de certains s'il veut accéder à une bonne qualité d'ensemble. Les aquarelles qu'il propose sont un extrait de voyages en pays scandinave ou les séquences démontrent sa maîtrise du sujet. On notera le remarquable panneau consacré à Willi Tiedje.
Il faut s'arrêter sur Treffel et ses beaux "hommages" à René Char, Arthaud, Rimbaud et Léautaud et sur les toiles de Champin (de Lyon) qui nous fait visiter ses fantasmes au féminin qu'ils soient d'ici ou de Tahiti, dans une lumière onctueuse et une matière lisse à souhait.
Favrène lui, expose à la Cimaise, il est à Regain ce que Veimberg est au Sud-Est, le personnage incontournable qui vit sa peinture de façon "rustique". N'Guyen impose à ses paysages nuagistes des aventures colorées. Batime est fidèle aux bords de Saône. Florio rêve d'un monde "géométrisé". Olivier Martin dispose d'une belle approche du sujet. Dellunto a beaucoup progressé dans ses études de corps. Serge Magnin découpe l'espace des hommes en séquences enchevêtrées. Jean-Michel Prost a la même approche "textile" du tableau que Geormillet, Paliero-Klingue montre la transparence des verreries, Christian Robillard est toujours plein de finesse dans ses burins, il manie les ombres avec subtilité, tout comme Oswald Turbine excelle dans ses encres.

Bernard Gouttenoire